La musique.

On a appris le décès de David Roback à l'âge de 61 ans. Guitariste et compositeur du groupe Mazzy Star (depuis les années 90) et aussi, auparavant des groupes Opal et Rain Parade (années 80). Discret, il se cachait derrière la chanteuse Hope Sandoval.

Pour ma part j'ai été marqué par le premier album de Mazzy Star, She Hangs Brightly. Me rappelle avoir écouté en boucle notamment "Nalah" et "Ride It On", et non sans raison, car c'est de la dentelle planante, la voix de Sandoval flirtant là-haut avec les hirondelles.

Oui, Melanie, fais-nous pleurer...

Le joli son répercutant des dB's... sur le bien-nommé Repercussion.

L'album Cardiff Rose de Roger McGuinn (ex-Byrds), paru en 1976, est d'un remarquable éclectisme. Et que dire de ce titre qui annonce les Clash?

Si on me demande quelle est ma chanteuse préférée, je réponds Jackie DeShannon. On ne me le demande pas souvent, il est vrai. C'est dommage. clown

John Prine était hospitalisé à cause du covid-19. Il vient de mourir. J'ai beaucoup de disques de lui (près d'une dizaine), parce que c'est un singer songwriter américain qui me touche, dont le style cru, direct, simple, désarmant, m'a toujours rappelé à un profond foyer d'humanité.

Merci pour le blues. Merci pour la beauté.

Dans le folk traditionnel français, il y a le folk auvergnat, une branche du folk occitan. En 1977, parut un magnifique album d'Emmanuelle Parrenin intitulé Maison rose, pénétrant, dépaysant, paisiblement mystérieux... la face B s'ouvre sur ce "Topaze" sans paroles.

Dire qu'il y a des gens qui croient que les paroles sont importantes... Tiens, quand j'étais petit et que j'entendais cette chanson, je croyais que c'était une chanson d'amour. Pour moi c'était une chanson bleue, tout simplement. La musique est bleue, la voix est bleue, tout y est d'une profonde douceur et tendresse, atténué comme dans un rêve. Je croyais que c'était une chanson adressée en secret à une femme, un billet doux, une confidence. C'est juste BLEU.

Il n'y a rien d'autre à en dire, à part que la mélodie est ineffable, moelleuse, nuageuse, si rêveuse qu'elle en paraît irréelle, pour ainsi dire rêvée. C'est un nuage qui défile. C'est aussi beau qu'un poème. Certains poèmes de Verlaine m'ont fait le même effet.

On se demande comment Lennon a pu poser une voix aussi douce sur cette mélodie qui n'a l'air de rien. Le climat devait être tendre, c'était peut-être un de ces après-midi un peu orageux où le temps semble s'arrêter. Où tout paraît un peu plus exotique. Où la voix sonne plus vraie, plus nue. Il faut dire que John avait fait table rase, et aspirait au ressourcement, avec un zeste de pureté.

Et donc Yoko ouvre des volets sur le jour, et le jour a l'air d'une révélation, comme l'est chaque jour lorsque naît l'aube. Lennon refait le monde le temps d'une seconde. Il rêve qu'on peut tout recommencer. Repartir sur de bonnes bases. Comme le petit prince.

Réduire "Imagine" à un message de paix ne m'a jamais traversé l'esprit. C'est d'abord et avant toute chose une musique de rêve, une mélodie plus douce qu'un crachin, plus délicate que la pluie. Le chant de Lennon est une buée. Il n'est pas triste à cause du sort du monde ou d'un espoir désespéré qui se bercerait d'illusions. Tout ça c'est de la narration.

Non, Lennon est juste bleu de corps et d'esprit lorsqu'il enregistre cette ritournelle feutrée. Il est juste à la bonne dose d'introversion et d'extraversion, au bon espace qu'il fend d'un filet de voix tendrement granuleux.

Il chante.

Qui peut résister à ça?

Dire que j'ai grandi avec ça (entre autres musiques)! Ma mère avait une prédilection pour le tango, et passait quelquefois, le soir, un 33t d'Astor Piazzolla intitulé Lumière, où se trouve ce morceau sublime, "Solitude". Les mots me manquent pour dire à quel point ce morceau côtoie les sommets. Je ne peux que peser mes mots. Dans le panthéon des musiques les plus sublimes de la planète, où se trouvent Chopin, Beethoven, Mozart, Bach, Satie, Debussy... vous pouvez ajouter Astor Piazzolla.

On vient de perdre un des plus grands compositeurs du 20ème siècle...

Celle-ci est toujours de notre monde.

La belle, très belle Valérie Lagrange. Musique de Francis Lai.

La charmante et regrettée Ria Bartok.

He's five feet two and he's six feet four
He fights with missiles and with spears
He's all of 31 and he's only 17
He's been a soldier for a thousand years
He's a Catholic, a Hindu, an athiest, a Jain,
a Buddhist and a Baptist and a Jew
and he knows he shouldn't kill
and he knows he always will
kill you for me my friend and me for you
And he's fighting for Canada,
he's fighting for France,
he's fighting for the USA,
and he's fighting for the Russians
and he's fighting for Japan,
and he thinks we'll put an end to war this way
And he's fighting for Democracy
and fighting for the Reds
He says it's for the peace of all
He's the one who must decide
who's to live and who's to die
and he never sees the writing on the walls
But without him how would Hitler have
condemned him at Dachau
Without him Caesar would have stood alone
He's the one who gives his body
as a weapon to a war
and without him all this killing can't go on
He's the universal soldier and he
really is to blame
His orders come from far away no more
They come from him, and you, and me
and brothers can't you see
this is not the way we put an end to war

L'éternelle Fréhel me bouleverse et m'est très chère. C'est chez elle que je retrouve l'humanité. Foi en une humanité qui seule a de l'importance à mes yeux.

C'est aussi chez elle qu'on trouve l'accordéon le plus poétique et chaleureux. Eternelle Fréhel.

Une de mes dernières palpitantes découvertes est l'artiste japonaise Jun Togawa. Cette chanteuse est apparue dans les années 80, immédiatement idiosyncratique, originale, folle, touchante, bouleversante. Elle faisait une sorte de pop très diverse, et jamais conventionnelle. Très japonaise aussi, avec ce filet de voix fragile, haut perché. Pour moi, cette femme venait d'ailleurs (comme dirait Pierre Bachelet clown

). Elle a dû traverser l'existence comme une artiste, une étoile filante, une extra-terrestre. Je ne connais absolument rien d'elle, mais je l'ai adorée instantanément. Tout passe par cette voix, qui semble cacher des souffrances inconnues, tout comme par ce tempérament qui l'empêche d'être prévisible ou confortable. Allez donc écouter sa pop azimutée sur internet, un vrai régal.

Le moindre document de Sylvie Vartan des années 60 et 70 montre un charme phénoménal. Même en playback, comme ça en passant...

Elle osait le désuet à fleur de peau, l'éternel reflet de l'eau

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