La musique.

Il fait un cri que je ne sais même pas écrire.

Jungle reggae.

A la question "est-ce que ça a vieilli?" la réponse est "non". Bande-son 77 (album sorti en décembre 76). L'album a d'abord provoqué chez moi une réaction de consternation lorsque je l'ai réécouté il y a quelques mois, je me suis dit qu'il n'y avait rien, que c'était du bidouillage gratuit, du délayage inconséquent. Puis je l'ai réécouté par acquit de conscience et j'ai changé d'avis. L'atmosphère est magistrale. Comme quoi, l'acquit de conscience est bienfaiteur.

Quand ABBA surprend.

Tout ceci est charmant

Clio et Marie-Flore restent mes deux préférées parmi les chanteuses françaises du moment.

"Seven Year Ache" de Rosanne Cash, j'ai déjà dû la poster plusieurs fois dans cette rubrique. Je ne me lasserai jamais de rappeler combien cette chanson est parfaite, de la première à la dernière note. Peut-être n'ai-je pas assez insisté: c'est une pure perfection. Le chant principal, les harmonies vocales, la ligne de synthé, les harmonies de guitare et de clavier, le jeu de batterie. La seule chose que je regrette, c'est que le "fading" ne dure pas trois minutes de plus, histoire de faire durer le bonheur. De quoi rappeler, finalement, que la chanson est parfaite (fuir le bonheur de peur qu'il se sauve, disait Gainsbourg).

Ne me demandez pas pourquoi je suis passé à côté de Clio et ne la découvre que maintenant, je n'en sais rien. Cette chanson parut il y a 5 ans, en février 2015. Moi j'ai découvert cette chanteuse avec "Amoureuse" et maintenant je pérégrine, et découvre son univers. Elle dit les choses de façon simple et juste, et garde le fil du sentiment qui la guide pour chaque chanson. Souvent un refrain suffit, qu'elle répète à l'envi (comme tout refrain qui se respecte me direz-vous). Sa voix ici m'en rappelle une autre, mais je ne sais pas encore qui. Ma mémoire me le révélera un de ces jours.

Un classique.

Les petits garçons qui ont traversé les années disco n'en ont pas gardé de mauvais souvenirs.

J'adore les albums de Betty Davis, les trois premiers et même un quatrième sorti trente ans plus tard. Le 3ème album, Nasty Gal, pourrait bien être mon préféré. Son mix de funk et de rock est irrésistible. Avec Yvonne Fair et Millie Jackson, parmi ce qu'il s'est fait de mieux dans les années 70.

En 1975, la country de Dolly Parton est d'une exemplaire sobriété dont le charme "crossover" s'est rarement démenti. En témoigne le 45t "The Bargain Store / I'll Never Forget". On savourera aussi la nuance du chant de l'original "I Will Always Love You" avec la version hélas plus populaire de Whitney Houston.

On oublie souvent que Ben E. King, essentiellement connu pour "Stand By Me" et son passage chez les Drifters, a aussi excellé dans le registre funk des années 70.

Vous avez dit rock and roll?

La poésie des soeurs McGarrigle...

Billy Swan? Ecoutez bien: la décontraction de Fats Domino, les inflexions vocales de George Harrison pour chercher les demi-tons... le rôle du chant sur les instruments... document qui montre en direct la chaleur de cette musique, son hospitalité. Cette chanson était parfaite dans le jukebox des bistrots. Il y en avait un sur la place d'Ardres à l'époque qui le passait tout le temps.

Television n'a t-il pas inventé le post-rock? L'a en tout cas distinctement préfiguré, au même titre que le Captain Beefheart et ses géniales déconstructions du blues encore quelques années auparavant.

On a associé Neu! au nombre des groupes allemands tels que Kraftwerk, Can, Faust ou Amon Düül II au "Krautrock" (rock allemand), lequel est souvent associé à une sorte de rock progressif expérimental. C'est dommage comme cette niche tient leur musique, souvent géniale, éloignée d'une reconnaissance plus universelle (à laquelle accéda, par exemple, le Velvet Underground). La musique de Faust, Neu! ou Can donne pourtant un plaisir authentique aux oreilles, pour tous les amoureux de ce qui est créatif, voire transcendentalement créatif.

Deux slows qui ont collé de façon spatiale à leur époque. "I'm Not in Love" de 10cc à partir de 1975, "Everybody's Got to Learn Sometime" des Korgis à partir de 1980. Ces chansons ont imprégné le paysage de nos vicissitudes.

Découvrir la (bonne) musique fait du bien: elle s'inscrit toujours contre la tendance au jugement. Elle rappelle aux fondements essentiels de la perception. Un artiste n'est pas qu'un travailleur: c'est un perceptif.

Lynsey De Paul, disparue en 2014, a incarné les années 70 durant un bref moment... avec sa suavité, sa sensualité, son charme, sa légèreté... décrocha la timbale notamment avec "Sugar Me" (c'est vrai qu'elle ressemble à un barbapapa!) - et l'orchestrateur de la performance ci-dessous étrangement à un membre de la Planète des Singes! Ah! les années 70! J'ai l'air méchant comme ça, mais ne vous méprenez pas: j'adore Lynsey De Paul. C'est pas pour rien qu'un grain de beauté s'appelle ainsi.

Ne vous laissez pas berner par la tenue de majorette... "Waterloo" est un rock'n'roll solaire. Une pièce montée de joie.

L'original de 1974...

Une face B de 73... d'un groupe dont je n'avais jamais entendu parler.

Déconnade et parfum de liberté, ceci n'est pas sans saveur. Le mec, il garde même un fou rire étranglé sur "on a souvent dit que Tarzan était né au Congo mais en fait non, il est né au Tyrol".

Alors, alors... plein de choses en voyant ce document: d'abord mes cinq ou six ans, au quartier des Huttes, à Gravelines... quartier populaire s'il en est. Plein de gens habillés simplement comme lui là-dessus... je traînais parfois dehors avec les voyous, on allait piquer les canettes de bière que les adultes laissaient sur le bord du stade de foot... par contre, fallait pas toucher à mes petits Mickeys que j'avais sous le bras, j'y tenais comme à la prunelle de mes yeux: curieusement les camarades, pas des anges, respectaient ça... alors qu'ils ont failli me faire mettre le feu à la cave, ces cons (j'étais le naïf du groupe). Bon, passons. La performance ci-dessus? Etonnante. Il faut toujours privilégier la première prise, et en 74, c'est la première prise du Guichard original, avec en lui de la violence contenue, alternée avec de la tendresse, une voix à la fois superbe et mal contrôlée, qui dérape, mais qui a son prix et il le sait. Les paroles lui collent au corps, et il les interprète à la perfection, brut de décoffrage, sans fioriture, sans lyrisme. Après ça au fil des années il l'a interprétée en plus statique, en plus désabusé, en plus gris. Il faut admettre que l'entrée en matière, toute stagnante et muette avec son étang d'accordéons en sourdine, fait son effet dès la première seconde. Le maigre Guichard d'alors et sa chemise à carreaux font le reste. Une belle chanson.

Je rendais hommage à Alain Barrière quelques pages plus haut. A la radio, Barrière et Guichard furent les âmes en baraude sur le bas côté.

Souvenir, souvenir... donc là on est en 74.

Bon ben là, on est en pyjama et on regarde l'île aux enfants juste avant d'aller se coucher, ma petite soeur et moi. Une fois couché, on bouge la tête de chaque côté de l'oreiller pour s'endormir (on appelle ça faire "hein-hein") et le matin on se réveille avec des "touillons" (imaginez le chanteur des Cure). Beaucoup d'enfants font ça pour se bercer.

Les premiers flirts... oui, détrompez-vous, ça commence dès l'âge de six ans, qu'est-ce que vous croyez... les enfants s'embrassent. Je peux même vous dire qu'on s'enlisait de bisous dans un bac à ballons de la salle de jeux... et Corinne faisait "chuuuuut".

Le son de la power pop... des guitares en veux-tu en voilà, éclaboussantes, chantilly.

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