La musique.

Quand on sait qu'Alice Dona composait elle-même ses chansons, observons qu'en 1965 "Tous les chemins mènent vers toi" n'a rien à envier aux plus belles chansons anglophones du genre.

Teresa Brewer ne fait pas partie du genre anglophone évoqué dans ce message. C'est une chanteuse américaine des années 50-60 que je découvre, et un coup d'oreille sur ses chansons suffit à me convaincre qu'on aurait grand tort de la juger "vieillote". C'est une grande chanteuse, qui a un style, un grain de voix (qui fait vaguement écho à celui de Judy Garland), de la classe. Une classe qu'on ne trouve plus guère chez les chanteuses d'aujourd'hui, question d'initiation. Je ne veux pas dire que les chanteuses d'aujourd'hui ne peuvent pas avoir de classe. Je dis que l'époque et ses modes peut être plus ou moins propice au développement de certaines disciplines.

Que penser de cette version d'Only You par Michèle Torr en 67? A priori, à côté de la plaque, en tout cas loin de la ferveur des Platters, mais elle en fait quelque chose d'autre... peut-être dans le son, avec ces échos sur une rythmique appuyée, qui lui donne un air de pop qui chauffe au soleil, un soleil où tout est irréellement lumineux, éclatant et jaune comme la robe et les cheveux de la chanteuse. C'est à la fois vulgaire et captivant. Bref, il y a là quelque chose de l'ordre de la pop, telle qu'elle fut d'ailleurs exploitée par Phil Spector ou Leiber & Stoller avec des enregistrements bien plus modernes que les Platters.

Je ne connais pas bien Françoiz Breut, mais j'ai aimé tout ce que j'ai écouté d'elle. Et elle a intitulé cette chanson du nom d'une ville du Nord, Loon-Plage, où j'ai vécu pendant vingt ans!

Florence Véran, de son vrai nom Eliane Meyer, était la mère de Marianne Mille, de son vrai nom Marianne Véran (allez comprendre!).

"Au coeur de septembre" est une jolie version de "Try to remember", un grand classique américain repris par des centaines d'artistes au bas mot (la version la plus connue étant sans doute celle d'Harry Belafonte en 1962).

Ma maman me chantait cette chanson quand j'étais bébé... et je m'en souviens! Ma maman avait une voix légèrement cassée, voilée, ce qui lui donnait un timbre extrêmement tendre. Jamais voix maternelle ne fut aussi douce, et c'était la voix de ma maman. Fan

Léona Gabriel était une tante d'Henri Salvador. Née à Rivière-Pilote, Martinique, en 1891, elle nous a quittés en 1971. Fille d'un Créole blanc, avait intégré à 14 ans une école de secrétariat à Cayenne (Guyane française), pour travailler pour la compagnie Lesseps durant la construction du Canal de Panama. Après être revenue en Martinique, elle partit pour Paris en 1920. En France elle chanta et enregistra avec l'orchestre du pianiste Alexandre Stellio sous le nom de Mademoiselle Estrella. Léona repartit pour la Martinique dans les années 40, où elle devint animatrice radio, une carrière qui dura 30 ans. Elle continua d'enregistrer jusque dans les années 60. Elle a revendiqué la paternité (ou la maternité?) de la fameuse "Maladie d'amour" qu'Henri Salvador arrangea et popularisa en 1950. Finalement la chanson fut attribuée au folklore antillais. Découvrez donc Léona Gabriel et sa "Petite fleur fânée" de 1932.

Prise alternative... la voix de Barbara dans le noir, d'une cristalline intimité...

"Scarlet ribbons" en 1949 par Jo Stafford (une de mes chanteuses américaines préférées de cette période), aussi reprise par Doris Day en 1962.

Vic Laurens avait donc chanté cette chanson avant Eddy Mitchell?

OK, donc Vic Laurens et ses Vautours, ce sont mes préférés avec Dick Rivers et ses Chats Sauvages. Je les préfère à Johnny Hallyday, aux Chaussettes Noires (je mets Eddy de côté), à Danny Boy et Ses Pénitents, Dany Logan et ses Pirates, Long Chris et les Daltons, Lucky Blondo, etc.

Avec Vic Laurens et Dick Rivers, je trouve d'excellents chanteurs, qui véhiculent l'âme du rock'n'roll.

J'ignore si la date indiquée pour la chanson est exacte (1959), selon mes sources c'est plutôt 1961. En tout cas ce qui est frappant sur cette première chanson d'Adamo, ce sont les similitudes avec Jacques Brel, Michel Berger ou Gilbert Bécaud, une forme de sentimentalité et d'agencement naturel avec un orchestre. L'impression de découvrir un talent plein d'aisance et de perspectives.

7ème 45t d'Eric Charden, paru en 1966. Charden dans les années 60 est un garçon talentueux qui se cherche et explore diverses pistes, en tentant d'accrocher la vague... ce qui lui réussit le mieux (jusque-là et artistiquement parlant) est le son anglais. Il écrira aussi de bonnes choses pour Stone en solo (bien avant Stone et Charden), Nathalie Degand, les OP'4...

Le premier super 45t de Danyel Gérard est charmant. Un des rares qui restituent la magie d'un style musical gai et entraînant venu des USA et déferlant sur l'Europe (rock'n'roll, swing, doo-wop), peut-être parce que c'est aussi un des premiers? 1958, quand même, deux ans d'avance sur la vague yéyé.

2ème 45t de Monty.

Hector et ses Médiators... Fan de tous les dingos, de tous les provocateurs... ici reprenant Screamin Jay Hawkins en 1964.

Le premier 45t français de Christophe (1964), délicieusement bluesy.

Le 1er 45t d'Alain Bashung (Baschung, à l'époque) en 1966, avec des effluves du folk planant de Californie, et un délié qui rappelle également Polnareff.

"Un jour, c'est longtemps pour nous deux" est une charmante chanson qui concluait le premier super 45t d'Antoine en 1965. Antoine qui fut déniché par Christian Fechner et Germinal Tenas, alors aspirants directeurs artistiques pour le label Vogue, en quête d'un Dylan français. Il fera un carton l'année suivante avec un titre auquel personne ne croyait, les fameuses "Elucubrations" que les radios passent sans conviction, mais que l'audience réclame en masse. Un goût de révolte est dans l'air. Mes propres parents étaient de cette génération beatnik, prenant la route et chantant des chansons (mon père avait même écrit une chanson qui s'appelait "Hello beatnik" Laughing

). Je fus pour ma part conçu, ça ne s'invente pas, le 1er mai 1968.

En 1963, Jacky Moulière sortait sur son 4ème super 45t une jolie reprise de Dion, "Donna The Prima Donna" (écrite par Dion DiMucci et Ernie Maresca) devenant "Donne, n'attends pas". Malin, non? (adaptation française par Georges Aber, de son vrai nom Georges Poubennec).

1er super 45t d'un certain Michel Didier en 1967... très joli son, fluide et enlevé. Influence évidente d'Hugues Aufray.

Je n'aime pas du tout "Pour le plaisir", la seule chose que je connaissais d'Herbert Léonard. Quelle plaisante surprise de découvrir qu'il enregistra d'excellents disques de rhythm'n'blues dans les années 60. Ici un titre de son premier super 45t paru en 1967.

2ème 45t de Laurent Voulzy, en 1973. Organisant la substance d'une chanson autour de nouveaux points d'accès. Car il y a bien une substance. Ce qui caractérise Voulzy est qu'il reste léger comme une bulle, ne fait qu'effleurer l'oreille d'une voix qui rêve sur ses propres sons.

En 1974, j'ai cinq ans. Je chante "Lady lay" devant la glace avec un balai en guise de guitare. Enfin quand je dis "je chantais", ça se résumait à "Lady lay lady lay lady lay...".

En 1974, ma mère est repartie dans le Nord (mes parents sont séparés) où elle s'est trouvée un poste d'institutrice à Gravelines. Elle sort avec ses nouveaux amis tous les weekends, ils vont dans leurs bistrots préférés (alentours d'Ardres), et nous trimballe partout, ma petite soeur et moi (tout le monde nous adore, on est pas chiants, et puis on amuse tout le monde car on a encore l'accent du sud: "ô peuchère!"). Dans les juke-box, on entend tout le temps "I can help" de Billy Swan. Cette chanson me rappelle inévitablement le goût des cacahuètes (on dévalisait les distributeurs), les baby foot, et les courses sur le carrelage glissant des bistrots... car on rencontrait d'autres enfants de notre âge et on jouait. Des enfants, ça joue.

1974 toujours... ce 45t là (environ le 9ème d'Yves Simon, qui venait de cartonner l'année précédente avec "Au pays des merveilles de Juliet") on l'avait à la maison (avec "J'ai rêvé New York" sur l'autre face). Cela rappelle à la fois Souchon et Voulzy, et Neil Young dont on avait aussi l'album Harvest (1972). Le côté détendu, guitare sèche, rythme décontracté et entêtant, harmonica... je crois que toute cette génération a dû jouer "Out on the weekend" en boucle. Un truc remarquable, "Out on the weekend", une épure, et un son qui donne envie de porter des vestes à franges. clown

A noter que le son du vinyle était plus vivant que ce qu'on peut trouver sur YouTube. C'est particulièrement vrai avec les albums de Neil Young.

En 1974, Dick Annegarn sort deux 33t. Un univers unique.

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Deux autres 33t sortent en 1975 et 1976.

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En 1977 sort le premier 45t des Stinky Toys, avec "Driver blues" en face B. C'est le premier groupe punk d'Elli et Jacno. Ils ne chantent qu'en anglais, voire en yaourt.

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