Réflexions

En faisant des recherches sur une expression qui revient souvent dans certains débats politiques, "Les territoires perdus de la république", on tombe assez vite sur un article du Figaro de 2015, à propos du livre de Georges Bensoussan qui portait ce titre, et qui datait de 2002 (réactualisé après les attentats de Charlie Hebdo en 2015). Après une lecture d'une partie de cet article, une interview menée par Alexandre Devecchio, je restai horrifié par une telle... comment dirais-je? orientation.

On y lit Bensoussan parler de "terrorisme intellectuel" d'une partie de la gauche, notamment la phrase "nombre d'intellectuels se posent moins la question de la vérité que celle de savoir de qui "on fait le jeu"".

Il est vrai que quand on a la bonne idée de se demander de qui on fait le jeu, des oreilles d'âne nous poussent assez vite. Ou rétrécissent lorsqu'on sait pourquoi on a ce réflexe lumineux... ainsi lorsqu'on voit qui est Devecchio en passant trois secondes sur son compte Tweeter. Lorsqu'on apprend qu'il remplace Zemmour sur C News de temps à autre, ou que Bolloré veut racheter le Figaro.

En 2002, on prend le silence médiatique pour une "omerta" (c'est dire si les auteurs ont piètre opinion d'eux-mêmes), puis les critiques pour de la stigmatisation, alors que certaines phrases sur l'antisémitisme culturel des familles musulmanes reste décidément aussi choquantes que contestables. Je me demande d'ailleurs pourquoi on ne les laisse jamais dire eux-mêmes ce qu'ils en pensent, les musulmans, au lieu d'écrire sur leur dos? A croire qu'un dialogue n'est pas souhaitable?

Plus loin dans cet article, Bensoussan y va de sa citation d'Ernest Renan sur une définition de "la nation". Il dit:

Citation :: Peut être Français, quelle que soit sa couleur de peau ou sa religion, celui qui adhère au roman national selon la définition bien connue d'Ernest Renan: «Une nation est une âme, un principe spirituel. Deux choses qui, à vrai dire, n'en font qu'une, constituent cette âme, ce principe spirituel. L'une est dans le passé, l'autre dans le présent. L'une est la possession en commun d'un riche legs de souvenirs ; l'autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l'héritage qu'on a reçu indivis.»

M'informant davantage sur ce Renan, j'apprends dans wikipedia qu'il a aussi écrit ceci:

« La nature a fait une race d'ouvriers. C'est la race chinoise, d'une dextérité de main merveilleuse, sans presque aucun sentiment d'honneur ; gouvernez-la avec justice en prélevant d'elle pour le bienfait d'un tel gouvernement un ample douaire au profit de la race conquérante, elle sera satisfaite ; une race de travailleurs de la terre, c'est le nègre : soyez pour lui bon et humain, et tout sera dans l'ordre ; une race de maîtres et de soldats, c'est la race européenne. Que chacun fasse ce pour quoi il est fait et tout ira bien »

(Ernest Renan, La Réforme intellectuelle et morale, 1871).

Et je me dis que tant qu'à choisir les références d'un roman national, autant chercher ailleurs!

Plus loin encore Bensoussan déclare ceci:

Citation :: Nous sommes dans un système d'avachissement de la démocratie que Tocqueville avait annoncé. On n'en finirait pas de faire la généalogie du déclin de ce qui fut jadis la «Grande Nation». Nul doute qu'à cet égard le XX° siècle français, jusqu'à nos jours même, paie l'énorme saignée de la Grande Guerre. De ce désastre-là, la France ne s'est jamais remise. Toutes les campagnes françaises se font l'écho d'une tragédie qui naturellement appelait dans son sillage une immigration de peuplement qui, chaque jour plus nombreuse, a atteint un seuil tel que la machine à intégrer s'est finalement enrayée. Un pays est capable d'intégrer des minorités par capillarité. C'est moins vrai quand il s'agit depuis 40 ans de flux démographiques de masse.

A la lueur de mon humble culture, m'est-il loisible de m'interroger sur le bien-fondé d'un focus sur l'antisémitisme musulman alors que la France n'a pas attendu l'Islam pour trimbaler un lourd passé d'antisémitisme, mis en lumière par l'affaire Dreyfus qui date d'avant la Grande Guerre?

Les Juifs furent expulsés, persécutés pendant des siècles, pour leur religion comme pour leur culture. Et Bensoussan veut nous faire croire aujourd'hui que l'islamophobie n'est pas du racisme. Or, stigmatiser l'Islam aujourd'hui, c'est nous dire que les musulmans ne peuvent pas être modérés. J'appelle ça de la stigmatisation.

Moi je pense que les français de confession musulmane s'ajusteront au "roman national", bien que ce "roman national" (décidément cette expression m'amuse!) ne corresponde plus exactement aux affiches pastorales de la propagande Pétainiste "Travail Famille Patrie".

A ce sujet, je trouve très naturel que des immigrés de troisième génération expriment un attachement au pays de leurs ancêtres, et ne se sentent pas aussi français que d'autres. Refuser certains ancrages, garder un oeil critique sur l'Histoire est tout à l'honneur d'un français libre d'esprit, et toujours susceptible de contribuer à cette Histoire.

Durant deux heures, le président Emmanuel Macron répond aux questions sur un bilan de son quinquennat, et s'explique, par exemple, sur les "petites phrases" qui ont soi-disant offensé le peuple français. Des petites phrases sorties de leur contexte, détournées par les médias, qui ont contribué à le faire haïr par une partie du peuple français, et lui faire manquer de respect jusqu'au point le plus extrême avec le mouvement des gilets jaunes. Point extrême soutenu par des opposants politiques sans scrupule, d'une agressivité et d'une vulgarité que je ne suis, en ce qui me concerne, pas près d'oublier.

On a aussi vu le président s'expliquer sur cette photo prise avec un jeune homme torse nu qui fait un doigt d'honneur. Photo sur laquelle s'appesantit (passé simple) lourdement Michel Onfray, tout de haine contenue, cynique et baveuse. Lequel vient ensuite nous suggérer une notion de "vulgarité" à l'endroit du président, qui bien sûr n'appartient qu'à lui.

C'est bien un terreau de discrédit et de haine que les médias n'ont eu de cesse de générer à l'encontre du président pendant ce quinquennat, sous couvert de démocratie. D'une part une lecture du moindre propos ou de la moindre action qui s'interdit d'être naïve, et n'accorde donc plus de chance à la sincérité, d'autre part un principe de démocratie qui laisse la parole aux contradicteurs (principe qui n'est pas accepté en Russie ni en Chine par exemple), dont les contradicteurs abusent constamment par la posture offensive qui s'alimente d'elle-même par la suite. Un grand manège d'hypocrisie où la nuance n'a plus sa place, à ce point ignoré ou, pire, admis comme tel, qu'il est même jugé "sain" par les journalistes ou les médias aujourd'hui d'avoir des "discussions vives", apparemment on trouve ça "très français".

Mon avis est que ces "discussions vives" sont, dans 90% des cas, un cirque d'intolérance et de bêtise [voire de divertissement stérile du genre "Touche pas à mon poste" où chacun y va de son "opinion forte" en atteignant des sommets de populisme racoleur avec un animateur qui roule des épaules comme un caïd de cour de récré], et que ces "paroles vives" se retrouvent vite à casser des vitrines et brûler des poubelles dans la rue. On veut en passant nous faire croire que c'est aussi "très français" d'aller "dans la rue". C'est surtout "très con".

Bien sûr, les révoltés syndicaux (y'en a qui vivent comme ça, prenez Ruffin, il serait perdu sans sa tête de turc préférée d'Amiens) pourront toujours vous dire que sans de violentes contestations, on serait encore aujourd'hui en "monarchie absolue". Or la monarchie absolue a disparu de la plupart des pays du monde sans avoir pour autant eu besoin de couper des têtes à tour de bras.

La voix de la sagesse ne serait donc pas française? Tiens donc! Qui décrète de telles sornettes? Au nom de quelle Histoire érigée en référence, en tradition, en Bible? Histoire constamment trahie, déchiquetée en événements symboliques par toutes sortes de révisionnistes, sortie de ses contextes comme les petites phrases d'Emmanuel Macron?

Comment, vraiment, comment ne pas voir dans tout ce blabla tapageur l'éternelle parade de la Bêtise humaine?

Le président Macron est venu nous parler calmement. Les commentateurs TV nous en annoncèrent leur "lecture" (avant même la diffusion), en parlant de "mea culpa". Les blablateurs vinrent, avant et après, nous en donner une "interprétation" en nous disant "personne n'est dupe" (par rapport au contexte d'une campagne électorale à venir). C'est bizarre, quand même, de disqualifier ainsi la lecture de tout un chacun par un jugement pseudo-consensuel ; de suggérer au téléspectateur de ne pas être "naïf" ; d'implicitement dissuader d'accorder crédit ; de lui nier la faculté de pouvoir en juger.

Le téléspectateur que je suis, observe surtout que des journalistes entendent des "mea culpa" que je n'ai pas entendus. Moi j'ai entendu des explications qui rendent compte de la perversité du buzz. Quand le président dit qu'il ne "redirait pas ces phrases" aujourd'hui, sans doute s'avance t-il d'ailleurs un peu trop. Il va faire l'effort de ne pas en dire, mais comment pourrait-il, et comment pourrait-on, affirmer pouvoir ne plus dire de phrases qui prennent une couleur différente lorsqu'on les sort de leur contexte? Doit-on désormais ligoter l'électrique liberté de cette parole qui établit parfois un vrai dialogue par voie de tolérance aux frictions de langage?

J'ai bien observé une prudence excessive de la part des politiques, notamment chez LREM ces derniers mois (aussi selon les caractères et les sensibilités), pour éviter de dire la moindre phrase, le moindre mot qui puisse être utilisé contre son "émetteur", ce qui les conduit à tenir des propos relativement lisses, et peut éventuellement nuire à leur pouvoir de conviction. Je suis aussi tombé en admiration devant cette forme d'éloquence mesurée qui sut prodigieusement éviter les détournements de débats stériles. On peut toujours s'honorer d'être mesuré, même s'il est sain de pouvoir ici et là libérer la parole car la spontanéité a ses vertus, là pour le coup on pourrait vanter une tradition française de la tirade, mesurée ou spontanée, qui va du siècle des Lumières à Coluche.

Michel Houellebecq est un nain à côté de René Goscinny.

Bravo, chère Agnès Jaoui. Totale adhésion à ce que vous dites très justement à 5:40 notamment.

Un bémol sur Marilyn Monroe, mais c'est pas grave, je comprends ce que vous avez voulu dire.

Marilyn, oui, enfila le costume de la bimbo, a joué le jeu, ce fut sa façon d'exister - exister, pour elle, ayant été de traverser l'Amérique des années 50 dans la lumière des projecteurs... oui, peut-être, sûrement, l'influence fut désastreuse sur bien des filles.

Je vous avouerai d'ailleurs que Marilyn n'est pas exactement de mon goût sur un plan esthétique, mais que sa personnalité, sa sensualité, me touchent et me captivent. Elle ne représente pas ce que j'attends d'une femme, et je suis en fait épaté du fait qu'elle parvient à être ce qu'elle est en dépit de l'attirail qu'elle s'impose. Je crois d'ailleurs que c'est ainsi que je perçois la femme, comme l'homme, à travers les siècles et les modes. Leur façon de s'y adapter. Leur façon d'exister par l'habitat, le costume, le contexte. Leur façon de vivre ou d'avoir appris à vivre. Quels que soient l'époque et l'endroit.

Mais aller vers plus de liberté est toujours, sera toujours, la bonne voie.

Voyez: je suis fan d'une joueuse de tennis ukrainienne, Svitolina, et suis affligé de voir qu'elle s'est fait refaire le visage depuis qu'elle est mariée à Gaël Monfils. Je ne juge pas, je continue de la regarder jouer, mais je suis au regret de dire qu'à la place de Gaël, je n'aurais pas voulu qu'elle touche à son visage. Ce qu'elle a fait pour elle-même et non pour plaire davantage à Monfils, veux-je croire (ce que prétendent ces femmes qui me soutiennent mordicus qu'elles se sentent libres de recourir au botox et autres horreurs...) mais je crois qu'elle est victime de l'image, comme beaucoup de femmes (et d'hommes), et ça me navre...

J'ai beau leur dire qu'elles sont parfaites comme elles sont, rien n'y fait... certaines ont un complexe, ne semblent pas s'aimer, d'ailleurs c'est curieux, ou parlant: ce sont souvent les joueuses qui ne gagnent pas au tennis, par exemple... les caractères forts sont plutôt celles qui s'assument, ont confiance, s'épanouissent... et gagnent.

Oui, ce que j'ai voulu dire, est que Marilyn Monroe fut une sublime idiote. Que ses yeux luisent d'une profonde humanité, fragilité, fantaisie, une forme d'intelligence en fin de compte, comme quoi il est délicat de localiser l'intelligence et l'idiotie, que parfois les deux qualités sont concomitantes, VOIRE indissociables. Comprenne qui pourra!

Peut-être, sans doute Agnès, le comprenez-vous d'ailleurs mieux que d'autres, vous qui, avec Jean-Pierre, avez si souvent donné leur chance à vos personnages. Comme est aussi touchant ce trio de L'Eté en pente douce... finalement une sorte de Misfits à la française.

Ce que vous dites sur l'influence désastreuse de l'image, et qu'on peut dire sur beaucoup d'autres choses, les artifices de cette société navrante, est une réponse à ceux qui contestent la légitimité des quotas. Face à l'injustice inhérente de la représentation dans une société aux principes archaïques (comme s'il n'avait jamais servi à rien de se libérer au fil des siècles!), il faut prendre partie pour la diversité pour rétablir cette justice. Ce que ne comprennent pas les conservateurs qui, avez-vous remarqué, se fondent à merveille dans le cercle des esprits étroits.

On ne saurait s'extasier sur l'harmonie d'une nature sauvage débarrassée de l'Homme: en plantant des caméras, on peut voir ce triste spectacle de chaîne alimentaire sur pattes, d'animaux qui se bouffent mutuellement, sans état d'âme, parfois entre individus de même espèce. Puisque le ventre creux les mène et que leur philosophie se résume à un rot digestif. Que seul l'Homme, bien qu'incapable de gérer sa croissance, a su voir ce qui est beau, et proposé un autre monde, le sien, celui de ce qu'il nomme "âme" en fin de compte. Que son amour des animaux, par exemple, il ne le doit qu'à sa faculté d'aimer. Qu'un lapin, par exemple, n'est lapin que pour celui qui le nomme. Que nommer revient à identifier ce qui existe, voire donner chair à ce que l'on perçoit. Que toute lecture d'une réalité n'a que la vérité du témoin. Que tout langage n'est que la lointaine trace d'une existence furtive. Et que cette existence ne prend finalement tout son sens que lorsqu'on décide d'aller dans la bulle, pour en identifier le noyau, l'essence, la raison d'être. Microscopiquement vôtre. Retrouver la genèse par la rétrospection, et redécouvrir le monde à la souche du verbe et des aubes. Réhabiller* quelques branches. N'être qu'un oeil qui s'ouvre. Opter pour la musique de ce qu'on formule à peine. Eviter de se perdre dans le brouhaha, la parlote, le non-sens. Observer à loisir. Jusqu'au silence qui n'existe pas. Bien que j'en connaisse un qui a tenté de le décrire. Ce bon vieux Baudelaire! Que je retrouve sans cesse sur ma route au gré des cheminements de ma pensée.

Tout là-haut, tout là-haut, loin de la route sûre,
Des fermes, des vallons, par delà les coteaux,
Par delà les forêts, les tapis de verdure,
Loin des derniers gazons foulés par les troupeaux,

On rencontre un lac sombre encaissé dans l'abîme
Que forment quelques pics désolés et neigeux ;
L'eau, nuit et jour, y dort dans un repos sublime,
Et n'interrompt jamais son silence orageux.

Dans ce morne désert, à l'oreille incertaine
Arrivent par moments des bruits faibles et longs,
Et des échos plus morts que la cloche lointaine
D'une vache qui paît aux penchants des vallons.

Sur ces monts où le vent efface tout vestige,
Ces glaciers pailletés qu'allume le soleil,
Sur ces rochers altiers où guette le vertige,
Dans ce lac où le soir mire son teint vermeil,

Sous mes pieds, sur ma tête et partout, le silence,
Le silence qui fait qu'on voudrait se sauver,
Le silence éternel et la montagne immense,
Car l'air est immobile et tout semble rêver.

On dirait que le ciel, en cette solitude,
Se contemple dans l'onde, et que ces monts, là-bas,
Écoutent, recueillis, dans leur grave attitude,
Un mystère divin que l'homme n'entend pas.

Et lorsque par hasard une nuée errante
Assombrit dans son vol le lac silencieux,
On croirait voir la robe ou l'ombre transparente
D'un esprit qui voyage et passe dans les cieux

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*Je n'ai pas rationnellement écrit "réhabiller" au lieu de "rhabiller", mais j'ai à la relecture délibérément laissé le verbe déplié au gré de ce qu'il exprime: vouloir ré-ouvrir (rouvrir), redécouvrir, ralentir, étirer l'espace-temps qui touche à l'essentiel de ce qui prend le temps de naître ou renaître.

La paix ou la guerre, quoi. Sauf qu'on y est, en guerre. Parce que l'Ukraine est en Europe et qu'on est européen. L''inquiétude n'est plus à l'ordre du jour: on est attaqué. La colère a remplacé l'inquiétude.

A 2:35, Sylvain Fort met des mots sur ma pensée (je m'en veux de n'avoir su les trouver moi-même, c'est pourtant limpide!)

L'admirable Elena Volochine

On a vu cette femme franco-russe (journaliste à Moscou pour France 24) s'exprimer sur plusieurs médias français récemment, de façon brillante et clairvoyante. Elle exposait déjà ses points de vue, révélateurs et lumineux, dans cette entrevue américaine de 2018. Elle a récemment exprimé son intention de retourner en Russie malgré tout et je suis terrifié pour elle. Son courage suscite ma totale admiration. Voilà un exemple d'intelligence et de véritable héroïsme moderne en ces temps de propagande insensée. J'espère qu'elle est protégée.

Elena Volochine ou Anne-Laure Bonnel? Choisis ton camp, camarade. L'une est une héroïne, l'autre une victime de sa propre haine comme son langage le montre assez vite en interview, et qu'un lecteur de Médiapart, après avoir démonté la valeur de son film comme l'a fait également Libération, trouve "sympathique", pour ma plus grande consternation.

Cette idée que véhiculent certains, que les Américains auraient des objectifs que n'auraient pas les Européens, comme de détruire l'armée russe, et utiliseraient donc l'Ukraine et l'Europe comme un champ de bataille à leurs dépens, est d'une indignité absolue. Les Américains n'ont pas le beau jeu et se dispenseraient bien d'avoir à sévir à notre place, nous qui ne nous sommes pas soucié d'avoir une armée assez forte pour empêcher Poutine d'imposer son régime autoritaire. Nous comptons toujours sur les Américains pour empêcher les super puissances de nous envahir, nous avons cette sorte de subconscience d'une protection supérieure, qui nous donne confiance en la démocratie, et nous avons néanmoins l'outrecuidance de considérer ces Américains comme des va-t-en-guerre qui ne poursuivraient que leurs intérêts. Nous parlons de n'être pas "alignés", or nous serions sous la menace russe si nous étions neutres, et plus encore tous nos voisins européens qui n'ont pas l'arme nucléaire, et dont nous semblons n'avoir rien à foutre. Elle est belle, la conscience européenne! Elle est belle, la France insoumise! Elle est surtout égoïste et repliée sur elle-même, cette France égocentrique, qu'elle soit anti-libérale ou identitaire, et sortir de l'OTAN la rendrait beaucoup plus soumise qu'elle prétend vouloir se défendre d'être.

La culture anglo-saxonne est bel et bien une culture de la démocratie que nous avons suivie et adoptée en toute bonne volonté. Nous pouvons nous plaindre d'un marché libéral qui heurte nos sensibilités humaines, égalitaires, mais nous avons préféré cette société-là à celle des régimes autoritaires qui appauvrissent leur peuple de façon beaucoup plus révoltante, sans parler du fait que ce qui révolte plus que tout, est bien l'absence de démocratie, de liberté, et de liberté d'expression. Bien plus que les écarts de richesse et de train de vie, bien plus que le coût de la vie, la liberté d'expression est ce qui importe le plus, et je suis bien plus heureux d'être en Europe qu'en Chine ou en Russie. Et je préférerais vivre aux Etats-Unis qu'en Chine ou en Russie, parce que la liberté est bien plus importante à mes yeux.

Que la liberté ait ses revers de médaille, c'est évident. Elle a donné lieu à des frictions, des tensions, des affrontements, de nombreux problèmes de société, mais elle a aussi fait évoluer cette société en charge de tous ces problèmes, avec des débats animés, des expressions culturelles, le champ des arts, la littérature, le cinéma, la musique, tout... Je ne vois pas comment on pourrait voir les Américains comme une société destructrice ou inhumaine, lorsqu'on connaît la richesse de sa culture et de son art. La société américaine contient elle-même toute l'histoire de l'humanité, ses mouvements, ses contradictions, ses émancipations.

La France a toujours été un pays de liberté, à partir du moment où elle avait une force armée pour se défendre. La France a toujours été libre, et ce sont bien les Alliés qui l'ont libérée durant la deuxième guerre, pas la Russie. Cette Russie s'enorgueillit aujourd'hui d'avoir été la première à vaincre les nazis, qui eurent la mauvaise idée de les attaquer, mais alors qu'elle traite aujourd'hui tous les pays occidentaux de nazis ou d'ingrats complices du nazisme, elle oublie que Staline avait adopté un pacte de neutralité avec l'Allemagne nazie en 39 avant que les nazis ne trahissent ce pacte, et que Staline n'a jamais oeuvré que pour le soviétisme, qui durant le 20ème siècle a finalement fait plus de morts que le nazisme.

Toute l'Europe centrale s'est libérée du soviétisme, et est aujourd'hui protégée par l'OTAN, dont la majeure partie de la force armée est américaine. J'allais dire "armée-ricaine". Cette armée est indispensable pour défendre notre liberté, notre existence, et toutes les démocraties du monde.

Et qu'on n'aille pas dire que je n'ai pas de compassion pour l'âme russe ou l'âme slave, j'ai toujours aimé cette culture également, et je suis d'ailleurs convaincu que Poutine ne représente pas la Russie, et que cette Russie revivra dans un régime plus démocratique, si elle y parvient un jour, ce que je lui souhaite.

En attendant, ce que font les Américains, est indispensable. Et ils le font de concert avec l'Union Européenne, qui elle-même le fait dans l'intérêt des européens, parfois en dépit du populisme déplorable des peuples qui on perdu conscience de la valeur de leur liberté.

Je n'ai jamais été populiste. Je n'ai jamais cru que les peuples pouvaient s'auto-gérer en tant que tels, autrement que par voix constitutionnelle et structurée, civilisée, éduquée. Je n'ai aucune confiance, par exemple, en des référendums sauvages qui, en avançant le principe d'une démocratie directe, n'optent que pour le fascisme d'une majorité de girouette à courte vue. Une société régie par des "référendums populaires" tournerait en rond, à vide, à coups de changements de braquets, suivant les intempéries, sans aucune vision, toujours avec le souci d'apaiser chaque rumeur qui gronde, dans un pays où l'on ne voudrait pas voir plus loin que le bout de son nez, où l'universalisme serait une cause perdue.

Pourtant notre littérature est nourrie d'universalisme depuis la Renaissance. La France représente bien ce pays de liberté dans lequel notre langue s'est forgée.

Je ne comprends rien à cette histoire de burkini en piscine. S'il s'agit d'un burkini de bain, je ne vois pas où est le problème, il y a des tenues adaptées je suppose.

Pour le reste, je n'ai jamais cru qu'on pouvait rester habillé en piscine, donc je suppose que ce n'est pas juste un burkini de ville porté dans le bassin. Je ne suis pas allé à la piscine depuis très longtemps, je n'ai donc pas suivi les règlements, mais en mon temps, il y avait des tenues de bain et puis c'est tout. C'était pas compliqué, avant. clown

Brillant discours d'Elisabeth Borne au milieu d'une volière. La volière en dit long sur le goût éperdu de la démocratie.

Le meilleur brûlot. Un pavé dans la mare aux cons.

Un petit bout de réflexion sur la notion de propagande. Jusqu'à présent, la notion de propagande pour moi était la propagation d'un mensonge outrancier ou éhonté, ou d'une réalité suffisamment disproportionée pour influencer les esprits et les acquérir à sa cause - ce qui est encore plus pervers.

Depuis les attentats du 7 octobre en Israël, je me suis rendu compte d'une autre forme de propagande, qui peut d'ailleurs s'étendre à toute sorte de sujet : une émission sérieusement bancale d'informations. En effet, nos chaînes d'information en France nous informent bien peu sur la réponse disproportionnée d'Israël aux attaques du 7 octobre, au nombre infiniment plus important de morts occasionné, alors qu'elles continuent de rappeler le massacre du 7 octobre. Et bien ça, je me suis rendu compte que c'était une forme de propagande. Il suffit de choisir une information plutôt qu'une autre, de se focaliser sur un sujet plutôt que sur un autre. Je prends aussi conscience du fait que ces choix sont délibérés, nonobstant une marge d'émetteurs moutonniers qui s'abstiendraient d'avoir un peu de sens critique ou de morale impartiale (un Molière moderne sur ce sujet s'en donnerait à coeur joie).

Ce choix partial d'informations m'agace profondément. Ce choix partial dispense une audience moyenne d'être correctement et justement sensibilisée. Lorsqu'un tel choix a pour résultat de sensibiliser impartialement, il opère une propagande. Ce n'est pas une propagande outrancière au sens où on l'entend coutumièrement, mais c'est de la propagande quand même.

On ne peut donc pas revenir sempiternellement sur ce massacre du 7 octobre sans rappeler qu'Israël colonise la Cis-Jordanie depuis un moment, et détruit maintenant la bande de Gaza en tuant des civils palestiniens sans le moindre état d'âme, sans discernement (au point même d'abattre des otages agitant des chiffons blancs) et en nombre infiniment plus important que ce massacre du 7 octobre effectué par le Hamas. Or sous prétexte de vouloir éradiquer le Hamas, Israël tue plein d'innocents, et personne ne semble bien vouloir s'en offusquer. Il faut dire que dès que quelqu'un semble vouloir s'en offusquer sur nos chaînes, il se trouve régulièrement quelqu'un pour lui tomber dessus (en général un partisan peu subtil d'Israël), en le traîtant éventuellement d'antisémite - ça marche bien, l'attaque gratuite, ces derniers temps (à vrai dire ça fait quelques années déjà), on se repasse le crachoir à volonté.

Lorsqu'on sait tout ça, et tout le monde sait tout ça, parler encore du massacre du 7 octobre est presque indécent. Autant demander aux gens de loucher pour éviter d'avoir un regard divergent, d'appliquer la politique de l'Autruche ou d'être littéralement idiots.