Télévision

Aujourd'hui Fabrice Luchini m'a donné envie de relire Blaise Pascal. Les citations qu'il a données (lord d'une récente apparition dans C à vous) correspondaient si bien à ce que je pense - n'est-il pas merveilleux de trouver des mots sur ce qu'on pense ou ressent? J'ignore pourquoi je dis "relire Blaise Pascal" car ma foi, je n'en ai jamais lu que quelques extraits, et gardé de bons souvenirs qui datent de ma scolarité. Je ne suis pas grand lecteur de nature, je l'avoue. Cet été j'ai ressorti une pile de classiques à lire, la pile n'a pas bougé. Je n'y arrive pas. Me plonger dedans, pas envie. Déjà ces bouquins sentent la poussière (pour traîner dans une étagère que j'époussète peu) et je suis légèrement asthmatique, si bien que j'éprouve un rejet physique à feuilleter des pages empoussiérées. Et puis ça esquinte la vue, et la nuque (que des excuses, me direz-vous...). Mais bon, me voilà conforté dans la bonne impression que j'eus de Blaise Pascal, et dont je saisirai d'autant plus spontanément l'opportunité de relire (je n'en possède pas de livre cependant).

On y parla aussi de Céline puisqu'on retrouva des manuscrits. J'avoue que le Voyage au bout de la nuit m'est tombé des mains et en assume l'entière culpabilité pour être resté inconscient de cette erreur si c'en est une. J'ai aimé quelques pages descriptives, mais j'ai perdu patience. Je me suis arrêté avant qu'il aille à New York. J'avais fait l'effort de l'entamer (une prouesse chez moi) car j'ai un oncle qui est fan du bouquin et me le prêta, un oncle qui a 90 ans et a connu la seconde guerre mondiale. Il a toujours vanté chez Céline une sorte d'écriture enlevée, désinvolte, distante, comme si l'auteur n'était qu'en visite sur cette terre en traversant des épisodes tragiques... ce qui correspond assez à l'esprit de mon oncle. Il dit qu'il relit régulièrement le livre et qu'il n'a jamais rien lu d'aussi drôle.

Là encore, le passage cité par Luchini sur une scène d'une salle de cinéma de New York (si j'ai bien compris) m'a plutôt saisi... et conduit à penser que je devrais peut-être faire preuve d'un peu plus de patience pour qu'elle en soit récompensée. A vrai dire, je sais d'expérience que la patience est souvent récompensée, pour beaucoup de choses. Comme l'écoute d'un disque, par exemple. De mémoire, je crois n'avoir commencé à savourer Homeless House de John Cunningham qu'à partir d'une troisième écoute. Si j'en étais resté à deux, je l'aurais rejeté comme un disque essentiellement nauséeux, et je serais resté bien plus indigent que je ne le suis.

La personne la plus intéressante ce soir-là fut celle qui a fait de la taule... et pour qui la littérature devint autre chose que de la vulgaire consommation de masse, une matière qui devait répondre à sa révolte. Son expérience malheureuse avec la Justice, et l'injustice, ne fit qu'aiguiser sa conscience sociale et maintenir en éveil l'exigence, l'impératif besoin d'apaiser, réparer sa crise intérieure. En attendant, une femme à ses côtés l'aide à tenir.

Et qu'est-ce que ça fume! Tiens, ça me rappelle mes parents et leurs amis. J'ai grandi dans ce genre de brouillard où certains soirs semblaient faits pour refaire le monde.

A 9:52, dialogue entre Léo et Sylvie, anecdotique peut-être, mais possible, entre deux artistes très différents, et que j'aime de façon différente.

M. Roussel m'a aidé à comprendre un truc dans ce bref débat avec M. Caron: il n'est pas pour le revenu universel. Roussel a la notion de travail chevillée au corps, condition sine qua non d'une forme de bien-vivre. Il ne se joindra pas à Mélenchon ou Jadot qui ont un programme écologiste qui ne peut, selon lui, s'appliquer qu'au détriment de gens qui ne vivent pas dans le futur.

Bien sûr, ce qui se dessine au delà du débat, n'est qu'une courbe de sensibilités.

Vous remarquerez, chez tous ces candidats, des interventions parfois modérées, parfois moins, que vous apprécierez plus ou moins. Moi je pense que ce qui définit ou aide à comprendre ces candidats, ce sont les excès, les prises de position acérées. Lorsqu'on se remémore toutes leurs interventions, ce sont les plus excessives, celles qui n'arrondissent pas les angles, qui éclairent sur leur fond.

Les points d'accords sont flous, les points de désaccords déterminants.

Il y a des candidats qui bénéficient d'un brin de crédit à mes yeux. Roussel en fait partie, car il ne m'offense jamais. Pourtant je ne suis pas de son bord, et je ne me pose qu'en observateur. Certains candidats me sont d'une antipathie rédhibitoire, et je me dis que les défauts de communication cachent des failles plus profondes. Je me dis qu'un manque d'honnêteté dans l'art du discours doit aussi entacher celui de la réflexion.

Ne me dites pas que TF1 va diffuser cette interview de Lavrov pour le JT de 20h? Non mais là j'ai honte d'être français. J'ai déjà honte que dans notre pays on laisse des gens tenir le crachoir de cette odieuse propagande, via je ne sais quel dialogue franco-russe où s'immiscent des agents et des espions pro-russes, ou via Sud Bercoff Radio qui donne tribune aux mythomanes. Moi je suis pour qu'on bannisse tout dialogue avec la Russie tant qu'elle conduira cette guerre et nous outragera de justifications intolérables.

Je suis donc davantage sur les positions anglaises ou polonaises que sur la position pseudo-médiatrice franco-allemande. Je ne crois absolument pas, à ce stade, en un quelconque apaisement, ni négociation de paix. Ce que fait la Russie en Ukraine n'est pas acceptable. Cette méthode d'aller accorder un entretien "exclusif" avec Lavrov, comme s'il fallait s'en honorer, me paraît assez américaine (comme journalisme faux-cul, ça se pose là). C'est à gerber.

La France devrait éjecter tous les diplomates russes, pour commencer. Vu qu'ils montrent toute la sournoiserie du monde pour tenter de nous pervertir par un discours odieux, il faut mettre les choses au clair. Pas de demi-mesure. Ne laissez pas pourrir l'atmosphère.

A bon entendeur...

Après avoir vu l'admirable Amélie de Montchalin répondre aux questions de Jeff Wittenberg aujourd'hui dans Télématin, je me suis demandé à quoi pouvait bien servir ce genre de journalisme politico-médiatique qui consiste à chercher des poux... et tout abaisser au niveau de la controverse de bas étage?

Quel curieux exercice que ces politiques doivent affronter de la part de ce "monde médiatique" qui se révèle, dans des interviews de cinq ou dix minutes, dramatiquement et maladivement anti-pédagogique, et pour tout dire fouteur de merde?

Ce journalisme de bas étage, cet exercice des questions qui fâchent (qu'on présente comme du "vrai journalisme" alors que c'est tout le contraire), est ce qui tient les français à distance, dans l'ignorance, dans la controverse en boucle dans les infos, et définitivement fâchés avec la politique. Ces médias mènent à la crise sociale, au chaos, à la confusion. Leur emprise sur le quotidien des gens qui cherchent à s'informer est catastrophique. Notre pays a tellement besoin de pédagogie, d'unité, de compréhension, de confiance... mais nos médias nous abreuvent constamment de controverses à deux balles. En nous empoisonnant le cerveau de doutes, de moqueries, de cynisme sur la politique, à en dégoûter les français, à leur en faire perdre leur âme.

Jeff Wittenberg, Thomas Sotto, Caroline Roux, ne sont que quelques-uns parmi d'autres. Caroline Roux qui fait par ailleurs une bonne émission avec C dans l'air, mais se prête aussi à cet exercice malsain des entrevues de cinq minutes soi-disant "cash".

Quelqu'un comme Pujadas s'est éloigné de ce mauvais exercice, de ce carcan audimatophile, voilà quelqu'un qui se soucie de faire une émission pédagogique sur la politique et les événements du monde.

Amélie de Montchalin a du mérite pour garder la tête saine face à cet exercice, et nous rappeler combien faire de la politique, avec une vision cohérente, est autre chose que de donner dans le question-réponse démagogique. Cette démagogie, ce schématisme hypocrite, sournois, pervers et constant qui divise les français, semble être un langage commun à une bonne moitié, voire les trois quarts, des politiques ET des journalistes politiques qui se délectent de toutes ces affaires tordues, y'a qu'à voir leurs sourires réjouis dans des argumentations sans fin ni d'autre but que de tourner en rond et de nourrir leur petit monde. Ces simplifications outrancières qui dominent sempiternellement les infos en continu furent d'ailleurs pointées du doigt par le discours d'inauguration de notre nouvelle porte-parole du gouvernement, l'excellente Olivia Grégoire.

Je me réjouis que nous soyons encore gouvernés par LREM ou Renaissance, car nous avons vraiment des députés qui ont la tête bien faite dans ce gouvernement, et dont une des missions semble désormais de combattre ad vitam eternam la démagogie d'oppositions minables.

Pour ma part, en ce qui concerne l'écologie, je ne vois que deux options: celle d'Amélie de Montchalin qui est en toute logique adaptée à un monde qui n'a pas su vivre autrement (et ne le saura jamais) et celle d'Aurélien Barrau, beaucoup plus radicale mais conséquente à un désastre écologique prévu et déclaré mais qui je le crains, même dans un contexte de crise irréparable, devra faire face à l'incapacité des hommes à vivre autrement. Pas des hommes d'aujourd'hui, en tout cas. Donc un renouveau écologiste ne s'imagine que dans un contexte de disparition prématurée de l'Homme moderne, industrialisé, qui ne voit son avenir qu'avec la croissance.

Moi, en toute honnêteté, je ne crois pas à la croissance. Je ne vois que les dégâts de cette croissance. Même au rayon de l'éducation, c'est une cause perdue, car la surpopulation ne fait qu'accroître le manque d'éducation.

Curieuse position de la part de quelqu'un qui supporte l'actuel gouvernement! C'est que je ne force personne à partager mon pessimisme ou mon scepticisme. C'est que j'apprécie la démarche et l'esprit positifs de ce gouvernement. C'est que je ne vois pas d'autre position valable à partir du moment où on fait de la politique. Il y a une âme chez Aurélien Barrau, mais il y a aussi une âme chez Amélie de Montchalin.

La radicalité de l'âme, c'est un peu comme la religion, ça relève de la sphère privée. La politique, c'est le contraire. Finalement ce n'est pas si incompatible que ça.

Le cirque pénible, désastreux et franchouillard des émissions de sport à la télé française... les commentateurs insupportables, vulgaires, qui n'en ont que pour les français, les français, les français.

Ce matin encore j'admirais la performance d'un escaladeur belge, je suivais attentivement son parcours extraordinaire, tout près d'atteindre le but, et voilà qu'ils nous plaquent l'interview d'un escaladeur français, avec les images de sa propre performance (il a échoué, on l'a déjà vu, et ils nous le foutent à la place de la performance en direct du belge dont on rate donc la fin...). Tant de vulgarité, de chauvinisme, de franchouillardise me sidère. Et qu'on n'aille pas me dire que je suis anti-français. Non, je suis surtout anti-con. J'aimerais dire qu'être anti-con est français, mais là j'ai des doutes!

Bien à vous.

Voilà je crois un signe de notre époque absolument consternante: la patience d'ange d'Olivier Dussopt, qui essaie infatigablement d'expliquer les choses, avec tout le bon sens du monde, face à un présentateur de BFM TV absolument vulgaire, obtu, cherchant constamment la petite bête. Un grand travail médiatique de bordélisation (le mot est lâché), de relais populiste, auquel de nombreux médias hélas participent régulièrement.

Remarquez bien que les médias officiels sont relativement moins désastreux que ce qui se cache sur YouTube où s'agglomèrent un tas de chaînes dissidentes montrant l'effrayant visage d'une partie des français. EFFRAYANT n'est pas exagéré, je pèse mes mots. Il y aurait de quoi entrer en guerre contre la sottise. Advienne que pourra. Je saurai me mobiliser contre cette France-là, si je dois le faire.

Les deux Olivier (Dussopt ci-dessus et Véran ci-dessous) sont les "héros" de la voix de raison ces temps derniers.

Par contre, les journalistes, qui pensent peut-être faire honneur au débat par une contradiction de façade - sont-ils vraiment sincères lorsqu'ils relaient ce qu'ils croient être un "sentiment populaire"?

L'exercice d'une objectivité de principe, jamais à l'abri d'influences et de pseudo-consensus (avec force sondages à la noix), m'a toujours paru fallacieux... sans compter le mauvais esprit et un brin d'arrogance en filigrane...

Les médias influencent les sondages. Télévision, radio, internet, réseaux sociaux (les journaux papier, de moins en moins, j'ai presque envie de dire hélas puisqu'il c'est là qu'on est censé savoir encore écrire et construire sa pensée).

Les gens sont influencés par les médias, et les médias relaient la voix de la contradiction au nom du contre-pouvoir démocratique, ce qui met constamment le pouvoir en place sous pression, ce qu'ils se plaisent aussi à répéter ("le gouvernement est sous pression", ce sont presque eux qui la créent en le répétant). L'emploi journalier d'un mot tel que "Macronie" équivaut à un travail de sape. Tout ceci a une influence sur les sondages d'opinion. On a donc des sondages négatifs à l'encontre du pouvoir en guise de résultat, et les médias passent leur temps à rappeler ces sondages, ce qui accentue le sentiment négatif à l'encontre de ce pouvoir. Ce n'est plus un cercle vicieux, c'est une spirale.

Les médias cherchent le buzz, vivent au rythme de controverses qui font leur choux gras. L'actualité nous est dictée par l'audimat (en dehors du divertissement, et encore, ça se répercute partout...).

Le buzz n'est ni plus ni moins que le brouhaha, le blabla du jour, quasiment une adrénaline pour meubler l'ennui qui ne rend pas justice aux sujets de société, le contraire de ce que j'appelle "la voix de raison".

Lutter contre ceux qui pensent pour vous est un bon départ pour seulement commencer à penser.

Les sondages, les sondages , les sondages. Mon dieu. Les français pensent ceci, les français pensent cela. Mon dieu. 47% de très mécontents, 61 % de mécontents. Mon dieu.

Y'a même pas 10% de français dans la rue. Y'en a probablement qui râlent parce qu'ils voient que d'autres râlent et ils se disent qu'il doit y avoir une raison. Ils voudraient même nous faire croire que c'est un manque d'indifférence.

La marge des sondages, c'est le facteur inconnu, le facteur influençable, le facteur perméable, et soudainement c'est cette marge qui deviendrait la voix du peuple et de la démocratie.

Le niveau est Titanic.

Alors comme ça les jeunes veulent plus de "démocratie directe". Alors comme ça les jeunes penseraient mieux. Vu comment ils considèrent les vieux, nous voilà bien embarqués.

Pessimiste? Je le suis, oui. Terriblement. En fait, y'en n'a pas un pour rattraper l'autre dans le registre alternatif.

Si vous avez raté le film d'hier soir sur France 3 vous avez eu tort.

Tenez-le vous pour dit.

Et toc.

Les paysages étaient magnifiques, la nature et les salles ressemblaient à des tableaux de peintres du XVIII ème siècle. Les couleurs, la lumière, les prises de vue, tout fut remarquablement dépaysant, et reposant. Le cinéaste s'appelle Eric Besnard, les acteurs Grégory Gadebois, Isabelle Carré, etc. Le tournage se fit dans le Cantal et dans l'Aveyron. L'équipe fut conseillée par des grands cuisiniers - car ça parle d'un chef cuisinier qui, sous l'influence d'une marquise qui se cache, finit par concevoir la première auberge de l'Histoire (qu'importe que ce soit historique ou non).

Il est devenu si rare de voir de très bons films que lorsqu'on tombe sur l'un d'eux, on s'en félicite.