Il n'y a eu, selon moi, aucun humoriste "génial" d'un point de vue textuel dans ONDAR depuis que cette émission existe. Les plus fins ont été, lorsqu'ils furent en forme ou inspirés, Tsamère (le sketch avec Foresti par exemple) et Paco (la lettre à la Française des Jeux). Dans l'histoire de l'humour, Desproges et Devos viennent à l'esprit, parmi les meilleurs humoristes textuels. Plus récemment, j'ai trouvé Alexandre Astier particulièrement bon, de même qu'au niveau du jeu d'ailleurs.
Mais ce qu'ONDAR nous a appris, ce n'est pas à attendre ce qu'on estime idéal, mais à s'ouvrir à des personnalités nouvelles, un mélange de texte, de jeu, de tournure d'esprit, qui caractérise la plupart des humoristes. ONDAR nous a appris ça, exactement comme moi, en tant que passionné de musique, j'ai appris à m'ouvrir à une immense variété d'auteurs-compositeurs-interprètes.
Cela devrait aussi, par conséquent, nous apprendre à nous débarrasser de nos préjugés, de nos principes, de notre idée de perfection. Il ne s'agit pas de ne plus être critique et d'applaudir n'importe quoi, mais de savoir remettre en question certaines certitudes sur ce que doit être un bon texte, un bon jeu, un bon sketch. Il n'y a pas de recette: il n'y a que des individus offrant leur univers, avec leurs qualités, leurs défauts, et leur faculté d'évolution.
Moi, en tant que téléspectateur et fidèle de cette émission, je me suis laissé surprendre et séduire par une bonne trentaine d'humoristes. Aucun n'est parfait, mais leurs qualités m'ont enthousiasmé. Ces qualités font partie de la richesse humaine qui, elle, mérite d'être cultivée.
La première qualité du critique n'est pas d'être exigeant, mais réceptif. C'est toujours par rapport à cette réceptivité que doit s'exercer l'analyse et le sens critique. Si cette réceptivité s'accompagne d'expérience, elle ne doit pas non plus se restreindre à une expérience qui peut se révéler exclusive. L'expérience enseigne aussi l'humilité, et la remise en cause de toute certitude ou conviction.